Les cahiers de vacances de Christophe P.
Chapitre 1 : Mon vrai faux retour en politique
Après ma branlée magistrale aux élections départementales d’avril dernier, j’avais promis de quitter le PS, la politique et le Jura. Cinq mois plus tard, je suis déjà revenu en politique et je n’ai pas vraiment quitté le Jura. S’agissant du PS, il n’est pas exclu que dans un avenir plus ou moins lointain, je retrouve un intérêt électoral à me rapprocher du parti de Jaurès.
Les résultats du second tour de l’élection départementale étaient à peine tombés que je clamais dans les colonnes de La Voix du Jura : « Je vais rebondir, cela ne fait aucun doute, mais je vais rebondir en dehors de la politique ». J’ajoutais encore : « Ce qui est sûr, c’est que je vais chercher à rebondir en dehors du Jura, même si forcément, je vais garder un pied ici. Vous savez, quand on a été à la tête d’une collectivité comme celle-là, on peut tout faire. Parce que c’est une grosse entreprise avec beaucoup de compétences. Ça donne une capacité d’expertise sans commune mesure avec bien des chefs d’entreprises. La seule différence avec le monde de l’entreprise, c’est la paye… »
Fini donc pour moi le salaire de misère de président de conseil général à 5 500 € bruts par mois et son petit bonus mensuel de 950 € bruts comme président du SDIS. Grâce à ma reconversion dans le secteur privé, je vais pouvoir enfin toucher un salaire décent, à la hauteur de mon égo hypertrophié et surtout de mes infinies capacités.
Sitôt dit, sitôt fait. Et comme le révélait France 2, la première chose que j’ai faite au lendemain de ma défaite a été de courir m’inscrire à Pôle emploi. Pourquoi Pôle emploi ? Pour y trouver un job ? Pas du tout, simplement pour pouvoir toucher, durant encore six mois, l’allocation différentielle de fin de mandat. Ce dispositif permet à certaines catégories d’élus de percevoir une allocation à l'issue de leur mandat électif pouvant atteindre 80 % de l’ancienne indemnité d’élu. Pour en bénéficier, ces élus doivent soit avoir une activité professionnelle leur procurant des revenus inférieurs au montant de leur ancienne indemnité soit, comme dans mon cas, être à la recherche d’un emploi et donc inscrit à Pole emploi, d’où mon empressement à aller pointer à l’ex ANPE.
Faute de détenir un autre mandat électif et de n’avoir jamais décroché un travail en dehors de la politique, je me suis retrouvé le 1er avril sans ressources. Fort heureusement, notre république sait se montrer généreuse avec les plus illustres de ses serviteurs.
Cette générosité ne m’a pas empêché de déclarer dans les colonnes de La Voix du Jura que « comme en France on n’a pas de statut de l’élu on est complétement livré à nous-même ! »
Adieu donc la politique. Une volonté réitérée au micro de RMC à Jean-Jacques Bourdin le 1er avril dernier. J’affirmais alors : « Il y a des gens qui n’ont qu’une seule vie misérable, moi j’ai plusieurs vies passionnantes. Je vais aller exercer mes talents, parce que j’en ai d’autres, dans d’autres domaines… On va pouvoir prouver dans d’autres domaines qu’on est capable et qu’on peut réussir autrement. »
Il est vrai que mon bilan dans les urnes au cours de ces 25 dernières années d’engagement politique est tout à fait catastrophique. Seul élu d’une liste radicale aux municipales de 1989, échec aux cantonales de 1992, échec aux cantonales de 1998, échec aux municipales de 2001, échec aux cantonales de 2004, échec aux régionales de 2004, échec aux municipales de 2008 et échec aux départementales de 2015. A cette longue liste s’ajoutent deux revers cinglants lors de la désignation du premier fédéral du PS en 2008 et 2010 où j’ai essuyé deux échecs mémorables. Entre temps, j’ai aussi largement contribué à faire perdre mes anciens camarades socialistes et l’ensemble de la gauche jurassienne aux sénatoriales de 2011, aux législatives de 2012 et aux municipales de 2014.
Au vu de mon palmarès électoral désastreux, la gauche Jurassienne pouvait espérer renouer avec les victoires dans les urnes du fait de mon absence. Manque de chance pour elle, à peine 5 mois après mon annonce fracassante de quitter la politique me revoilà déjà sur le devant de la scène politique locale.
Le 31 août, l’Hebdo 39 annonçait que j’allais prendre ma carte au Parti radical de gauche. Quelques jours après ce scoop du journal gratuit d’infos locales, Le Progrès, parlant de rumeurs, démentait catégoriquement l’information en titrant : « Ni au PS, ni au PRG ! » Le quotidien ajoutait : « Comme quand il occupait le devant de la scène politique, Christophe Perny continue à charrier son lot de rumeurs autour de son nom. Dernière en date, son adhésion au PRG dans l’Ain. "Faux" assure l’intéressé. »
Moins de trois semaines plus tard, le journal titrait en première page : "Après six mois de réflexion, Perny de retour en politique". Le quotidien jurassien annonçait que je venais d’adhérer au PRG, confirmant ainsi l’information du journal gratuit qu’il qualifiait pourtant de "rumeur" quelques jours plus tôt. Le quotidien contredisait ainsi son démenti qui s'avérait, après coup, totalement bidon !
Me revoilà donc, après cinq mois de traversée du désert et cette tentation de Venise avortée, dans le rôle de simple commentateur de la vie politique locale. Mais que les Jurassiens se rassurent, je n’ai pas changé !
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